La Grosse Bertha des parisiens

La Grosse Bertha des parisiens fut un mythe de l’histoire contemporaine. Elle n’est que simplement évoquée, comme pièce d’artillerie à longue portée, dans la citation faite à la Ville de Paris à l’Ordre de l’armée que tout le monde peut lire, à l’Hôtel de Ville de Paris, à droite de son entrée principale. A dire vrai on appelait déjà « grosse Bertha » un obusier massif spécialisé dans la destruction des ouvrage bétonnés de forte dimension.

Citation de Paris à l’Ordre de l’Armée 1919


Elle doit ce statut à la conjonction d’une prouesse technique et technologique d’ensemble, portée par une situation de guerre, et à la propension qu’a l’esprit humain de magnifier, dans une formule choc, un épisode réel pour lui faire jouer un rôle majoré ou extravagant dans l’histoire de la collectivité qui lui donne vie et le retient un moment.


Cet épisode du premier conflit mondial n’a pas donné lieu, en France, à des recherches particulières: l’avance allemande ne pouvait que souligner le retard français! Et les documents sont restés longtemps classifiés, ne devenant disponibles qu’à un moments où l’on était passé à d’autres passions historiennes. Un Colonel américain, artilleur et ingénieur, avait pourtant écrit en 1920 un ouvrage non traduit jusqu’à aujourd’hui, très documenté sur le sujet. Nous le proposons aujourd’hui.

Au printemps 1918, le front se trouvait stabilisé à 120 km de la capitale. Les plans d’attaque allemands avaient prévu une série d’offensives, par rapport auxquelles tous leurs moyens se trouvaient coordonnés, afin que le surnombre transitoire de leurs effectifs, qui cesserait avec l’arrivée des troupes américaines, ait un effet irréversible et favorable.

Ces canons à très longue portée entamaient donc des campagnes de tirs synchrones avec les opérations au sol. Les ingénieurs et scientifiques allemands, résolvant tous les problèmes jusqu’au dernier moment, avaient en effet trouvé le moyen de tirer des obus d’une telle distance: 120 km. Soit depuis Crépy en Laonnois où 4 canons avaient participé, avant que les tirs ne partent de Beaumont en Beine et de Val Chrétien (près Fère en Tardenois), points plus proches de Paris.

Le résultat léthal de ces campagnes avaient été décevant mais en fait l’objectif était surtout psychologique: en accompagnant les avancées de troupes, les bombardements et le opérations sous marines, elles empêchaient les parisiens de bien dormir et laissaient planer l’idée que le front était plus près que ne le soutenait le gouvernement français. Car les canons tiraient alors à environ 35 km maximum… Ce qui poussait les parisiens à envahir les réseaux de communication pour s’enfuir et engorger les ravitaillements.