
L’apport des travaux de Marcel Jousse permet de rediriger de la lumière sur la lecture des écrits bibliques.

Partant de la réalité unanimement admise d’une préséance chronologique de tradition orale d’un enseignement sur sa fixation – mise par écrit, il s’agit, en tirant parti de cette hiérarchie causale:
1°- de définir les deux portraits physio-dynamiques limites de l’anthropos oral d’un côté, et de l’homme lettré de l’autre qui en poursuivent l’oeuvre
2°- de décrire les transformations extérieures, visibles, concrètes, subies par cet enseignement oral du premier finalement recueilli, après filtration, par le second, au cours du processus historique de transformation et aboutissant à sa ou une forme écrite correspondante
3°- de recenser et observer les caractéristiques sociales, politiques, économiques, culturelles, morales, coextensives de cette mutation. Il nous faut ici essayer de tirer les leçons utiles de certains couplages, ou tenter de détecter et décrire des chemins privilégiés d’évolution et de restructuration de la vie humaine individuelle et collective, bien sûr pour ceux qui vivent sous le régime de l’enseignement concerné.
4°- de mieux comprendre et éclairer la nature, l’identité et le rôle de l’Eglise, au long de ce processus rétrospectif. On peut s’attendre à ce que cela nous conduise à une réflexion sur les mécanismes institutionnels.
On pourra voir, comme conséquence et illustration particulière de cette analyse, que les positionnements réciproques du catholicisme et du protestantisme, par rapport à la « valeur écriture » de la vérité, se trouvent inversés. Ce qui a des conséquences théologiques et oecuméniques importantes.
En effet: le catholicisme se trouve être -du coup- plus fidèle à l’émergence évangélique réelle, que le protestantisme défendait pour lui-même. Il s’agissait alors, à l’avantage de ce dernier et dans le retour à l’authenticité originelle que semblait brusquement démontrer la Bible imprimée, d’une prérogative essentielle à l’historicité de sa fonction, d’une prééminence qu’elle pouvait revendiquer.
Au-delà encore de ce focus pédagogique et caractéristique sur la Réforme, un tel choc ne peut manquer d’avoir quelque conséquence sur toute les disciplines historiques qui s’attachent tant à l’écrit: il n’y a de vrai en histoire que de document! Mais quelle vérité donc?
