Marcel Jousse et l’histoire culturelle de la communication

Qu’un droitier essaye jamais d’écrire de la main gauche!… il en éprouvera une difficulté du même genre que celle qui fait passer une société du monde de l’oralité à celui de la tradition écrite.
Mais qu’advient il – durant cette transition qui peut être longue et avoir des paliers intermédiaires – d’un enseignement longtemps conservé oralement et qui finit par devenir document, se retrouvant « plaqué au sol », soumis et interprété à travers une grille littéraire ou documentaire qui relève, elle, proprement, de la 2ème phase et de ses lois?
Pour le savoir il nous faut repartir de l’oeuvre de Marcel Jousse, et prendre au sérieux les dynamiques physiologiques divergentes propres à ces deux mondes. Rationnellement, il nous faudrait soumettre à ces conditionnalités conflictuelles, le passage au document résultant.
Devrait s’en suivre le développement d’une attention exégétique, d’une prudence de l’interprétation, d’une alerte sur la façon d’en écrire l’histoire. Elles devraient éprouver un tel texte comme le fait le designer automobile lorsqu’il passe un prototype en soufflerie pour en connaître le taux de pénétration dans l’air: un écrit considéré comme prolongement de l’oral, reflète alors une performance mémorielle qui survit plus ou moins dans les différentes versions écrites qui la transcrivent, ou dans l’organisation des enseignements dont ils sont chargés.
Sa variabilité mesure dans ce cas un taux de pénétration dans la mémoire, lui aussi variable, et donc la distance potentielle des témoins écrits par rapport à la source. Cet exercice produit des résultats étonnants dans le cas du Nouveau Testament. Mais les profits à retenir de tout cela s’étendent à toute la matière historique.
