
La Grosse Bertha des parisiens fut un mythe de l’histoire contemporaine. Elle n’est que simplement évoquée, comme pièce d’artillerie à longue portée, dans la citation de la Ville de Paris à l’Ordre de l’Armée et que tout le monde peut lire, à l’Hôtel de Ville de Paris, à droite de son entrée principale. A dire vrai on appelait déjà « grosse Bertha » un obusier massif spécialisé dans la destruction des ouvrage bétonnés de forte dimension.
Elle doit ce statut à la conjonction d’une exceptionnelle prouesse technique et technologique allemande, portée par une situation de guerre, et à la propension qu’a l’esprit humain de magnifier, dans une formule choc, un épisode réel, pour lui faire jouer un rôle majoré valorisant ou extravagant dans l’histoire de la collectivité qui lui donne vie et le retient un moment. En l’occurrence le titanesque allemand, parce que battu, renforçait la valeur des vainqueurs. Mais il ne fallait pas s’y appesantir…
Cet épisode du premier conflit mondial n’a pas donné lieu, en France, à des recherches particulières: l’avance technologique allemande ne pouvait que souligner le retard français! Les documents sont d’ailleurs restés longtemps classifiés, ne devenant disponibles qu’à un moment où, de fait, l’on était passé à un « autre chose » historique. Un Colonel américain, artilleur et ingénieur, avait pourtant écrit en 1920 un ouvrage non traduit jusqu’à aujourd’hui, très documenté sur le sujet. Nous le proposons aujourd’hui.

Au printemps 1918, le front se trouvait stabilisé à 120 km de la capitale. Les plans d’attaques allemands avaient prévu une série d’offensives, par rapport auxquelles tous leurs moyens matériels et humains se trouvaient coordonnés: il fallait que le surnombre transitoire de leurs effectifs et la supériorité en ressources, qui cesserait avec l’arrivée des troupes américaines, aient eu entretemps un effet irréversible foudroyant et favorable.
Ces canons à très longue portée entamaient donc, comme composante, des campagnes de tirs synchronisées avec les opérations au sol dans les airs et en mer. Les ingénieurs et scientifiques allemands qui avaient cravaché jusqu’au dernier moment pour résoudre tous les problèmes techniques, avaient en effet trouvé le moyen de tirer des obus d’une telle distance: 120 km. Soit, depuis Crépy en Laonnois où 4 canons participèrent, avant que les tirs ne partent de Beaumont en Beine et de Val Chrétien (près Fère en Tardenois), points, eux, plus proches de Paris.
Le résultat léthal de ces campagnes avaient été décevant; mais en fait l’objectif était surtout psychologique: en accompagnant les avancées de troupes, les bombardements et les opérations sous marines, elles empêchaient les parisiens de bien dormir et laissaient planer l’idée que le front était plus près que ne le soutenait le gouvernement français. Car les canons tiraient alors à environ 35 km au maximum… Ce qui pouvait pousser les parisiens à envahir les réseaux de communication pour s’enfuir dans la panique, et saturer routes et voies ferrées, empêchant du coup tout ravitaillements militaires, acheminement de troupes, et accroissant le désordre…
Ce premier volume, quoi que traduit, et malgré son intérêt historique, ne peut pas encore être diffusé ou publié car des recherches sont en cours afin de déterminer le régime des droits d’auteur.
