L’exégèse chrétienne est une perpétuelle relecture du texte biblique au choc de nouvelles connaissances, et dont l’interprète ne sait rien a priori de l’étendue de leurs impacts, ni rien de leur profondeur historique. Cette charge contestataire fait ressortir dans l’existence humaine la volonté de comprendre et sa force positive innovante, remuante, parfois révolutionnaire.
L’interprète dispose d’emblée d’un double niveau de travail : il s’attache à confronter un nouveau savoir, dégagé méthodiquement, au texte source qui s’en trouve rétro-éclairé, et à en observer l’impact sur l’histoire de l’interprétation. Mais l’interprétation, son chemin, nous renseignent aussi et surtout sur la situation de l’humain, les motivations qui le pousse. Elle recèle une histoire implicite des idées.
Même si, par principe, le monde moderne préjuge d’un dépérissement inévitable des ensembles traditionnels sous le coup d’un progrès de la science, notre expérience va bel et bien dans la direction opposée.
Mais cette démarche comporte certaines conditions comme, l’équanimité, l’effort, l’ouverture d’esprit, et la nécessaire insertion de la problématique dégagée dans un espace plus grand permettant d’en multiplier les prises intelligibles.
Le paradoxe inattendu est que cet ajout de dimensions ménage une continuité souvent riche allant dans le sens d’une densification de la tradition et non dans celui de son élimination ou de son affadissement. Pour comprendre il faut multiplier, imaginer avec science. Nous ferons donc quelques miracles, puisqu’un miracle n’est qu’un accident qui se passe bien… Les deux sont aussi logiques à l’esprit, mais l’un n’est que suspectable tandis que l’autre est immanquablement aveuglant comme en témoigne la pléthore médiatique moderne.